Recyclage des déchets (électroniques) en Chine

Propriétaire de décharge à GuiyuUne très bonne émission sur RFI sur un village qui effectue du recyclage des déchets. Reportage de Michaël Sztanke.

samedi 9 septembre 2006. RFI
« Chine : e-dépotoir de la planète »

A 3000 km au sud de Pékin, Guiyu, un petit village du Guangdong, est devenu ces dernières années le dépotoir électronique de la planète. Près de 100 000 travailleurs migrants désossent, trient et brûlent les produits informatiques dans des conditions proches de l’esclavage. Sans protection et pour 2 dollars par jour ils mettent leur vie en péril notamment en respirant des substances nocives.

Ce reportage fait réfléchir. La situation révoltante de Guiyu avait déjà été dénoncée par Greenpeace.

Certains de ces déchets servent à la fabrication des fleurs en plastique (au passage il est peut-être utile de rappeler que cette industrie est une de celles qui offrent les pires conditions de travail dans la province du Guangdong). Les acheteurs de ces produits "intermédiaires" connaissent bien ces ateliers. Certains ateliers pour produisent les plastiques, les téléphones portables et l’électronique. C’est donc bien au su et au vu de tous que s’organise ce commerce. La plupart des produits sont importés de Honk Kong. Pourtant ce commerce est officiellement interdit par Pékin. La friche industrielle à la frontière avec Hong Kong est le lieu de départ des déchets importés. Guiyu est à peine à deux heures de route de Hong Kong.

Comme d’habitude la main d’oeuvre est importées aussi de la plupart des provinces pauvres comme l’Anhui ou le Henan ou ailleurs. Sztanke a interviewé un responsable du China Labour Bulletin, le célèbre Han Dong Fang (voir une interview de lui ici). Ce dernier souligne la grande discrimination envers ces travailleurs, un trait commun à tout le Guangdong. Les personnes du coin gagnent beaucoup d’argent. Les immigrés sont durement exploités. L’argument usuel qui consiste à dire qu’ils sont là mieux que chez eux où il n’y a pas de travail est difficile à tenir. Le pire du pire est la décharge où se "recyclent" les derniers morceaux des ordinateurs. Ils sont payés entre 500 et 600 kuais par mois (50 à 60 euros). 80% des enfants sont atteints d’insuffisante respiratoire et de saturnisme. Les gens sont obligés aussi d’acheter de l’eau en dehors.

C’est toute une économie de la misère qui se construit sur les déchets électroniques. Une économie très profitable mais entièrement basée sur notre absence de solution à des questions simples comme celle de la quantité d’ordures électroniques que nous produisons. Plus grave, les « chaînes de valeur » mises en place dans cette économie sont particulièrement médiocres : plastiques de mauvaise qualité dominent la production. L’argument selon lequel on produit en Chine ce qu’ailleurs on ne peut plus produire pour des raisons de coûts est faux : on produit ici ce que personne ne devrait jamais produire. Seuls des mauvais artefacts peuvent être ici produits. C’est bien pour cela que l’industrie des fleurs plastiques est un des principaux consommateurs.

Tout le monde ignore effectivement les problèmes de santé. On peut évidemment accuser -à juste titre- le régime politique chinois. Mais aussi les businessmen taiwanais et Hong Kongais, et chinois du continent, ainsi que les pays riches.

Les pays riches exportent des déchets toxiques malgré la convention de Bâle qui interdit cette exportation. (Voir d’ailleurs la question de la décharge toxique en Côte d’Ivoire qui fait la une des journaux ces jours-ci). Mais ce sont aussi les consommateurs qui devraient savoir.

En plus de la très légitime horreur que provoque ce documentaire on peut aussi se renseigner sur les graves problèmes d’environnement que doit affronter la Chine :

  • JF Huchet, 2006, Environnement : un développement pas très soutenable, La Quinzaine Littéraire. Août 2006, page 9.
  • Xiaofan Li "Environmental concerns in China : problems, policies, and global implications". International Social Science Review. Spring-Summer 2006. Réupérer dans FindArticles.com. 03 Sep. 2006.
Posté le 10 septembre 2006