A Shanwei, un évènement extraordinaire en Chine : la destitution d’un officier de police

Mise à jour 17/12/2005

Jamais un tel évènement n’a reçu autant de publicité en Chine. Après un émeute où six personnes, semble-t-il, ont trouvé la mort, à la suite de tirs de la police dans la foule, le chef de la police local aurait été arrété. Ce qui est extraordinaire n’est pas l’arrestation d’un officiel, mais bien la publicité donnée autour de l’affaire.

Cependant, aucun journaliste n’a le droit d’aller sur le site du village de Dongzhoukeng. Les rares images qui sont sorties montrent une mobilisation policière hors du commun dans ce village du Guangdong. Jamais vu des robocops de ce type en Chine. Encore un effet de la mondialisation....

Comme le signale Haski, cette émeute, et sa repression est tout le paradoxe de la Chine puisque « un projet très "écolo" d’énergie renouvelable se fait aux dépens des paysans lésés dans un contexte de corruption généralisée ».

Autre paradoxe, cette région n’est certainement pas la plus pauvre de Chine. Même dans le Guangdong, rùegion la plus riche de Chine, le lieu particulier où se trouve ce village est loin d’être un coin déshérité. C’est dans ces régions de rapide croissance que les tensions se révèlent les plus fortes : les paysans ici doivent savoir où parler et avec qui le faire, contrairement aux paysans des régions de l’intérieur du pays.

Il sera difficile de stopper cette profonde méfiance des paysans contre un gouvernement local qui doit maintenant être tenu pour responsable de ces morts.

Enfin, il faut noter que le gars destitué n’est pas le patron du gouvernement local, mais seulement le chef de la brigade de robocops qui ont ouvert le feu sur la foule (c’est du moins ce que laissent entendre les infos officielles).

Le China Daily, de son côté dit que quelques agitateurs ont incité la police à agir. Il nomme aussi les "agitateurs" responsables des émeutes d’après la version officielle (voir le papier ci-dessous).

Des bloggers chinois ont parlé du blocage de l’info à ce sujet.

"Je n’ose pas parlé" dit un blogger. "Il ya des sujets sensibles à peu près partout - notre patrie est tellement sensible. Le corps de la Chine est couvert de zones sensibles"


China Daily :

SHANWEI, Guangdong, December 10 (Xinhua) — Hundreds of villagers incited by a few instigators violently attacked a wind power plant on December 6, and assaulted the police, the Information Office of the city government of Shanwei in south China’s Guangdong Province said Saturday.

In an investigation report of the incident, the office called the armed assault a serious violation of law.

According to the official recount, the instigators led by Huang Xijun engineered and organized some villagers in Dongzhoukeng and Shigongzhai to illegally besiege and attack a local wind power plant at noon on December 5 and December 6.

The first assault on December 5 caused a seven-hour suspension of the plant’s power generation.

In the second onslaught, over 170 armed villagers [1] led by instigators Huang Xijun, Lin Hanru and Huang Xirang used in the attack knives, steel spears, sticks, dynamite powder, bottles filled with petroleum, and fishing detonators.

Police moving in to maintain order were forced to throw tear shells to break up the armed besiege, and arrested two insurgents.

However, Huang Xijun mobilized over 300 armed villagers to form a blockade on the road to Shigongzhai Village to obstruct the return passage of the police, in attempt to threaten the police to release the arrested insurgents.

For a moment, many besiegers intended to quit following the persuasion shouted by the police. However, they were forced to stay in protest under the threat reinforced by the instigators, according to the report.

Instigator Lin Hanru shouted through a loudspeaker that they would throw detonators to the police and blow the wind power plant, if the police refused to retreat.

It became dark when the chaotic mob began to throw explosives at the police. Police were forced to open fire in alarm. In the chaos, three villagers died, eight were injured with three of them fatally injured.

[1Ils étaient certainement moins armés que les policiers en uniforme de CRS, comme ceux que nous avons l’habitude de voir dans les manifs en France.

Posté le 11 décembre 2005