Quelques infos sur l’enseignement supérieur et la recherche (sept 2010)

Quelques nouvelles sur la recherche et l’enseignement supérieur en France

Répartition des 16.000 suppressions de postes dans l’Education nationale (AEF)

Le ministère de l’Education nationale a précisé mercredi 29/9 la répartition des 16.000 postes qui seront supprimés dans le cadre du budget 2011. En voici les détails :

  • 8.967 postes d’enseignants seront supprimés dans les écoles pri maires publiques (maternelles et élémentaires), dont 5.600 au titre d’une "résorption" d’un actuel "sur nombre" d’enseignants, selon le ministère.
  • 4.800 postes d’enseignants de collèges et lycées publics.
  • 600 postes au sein des personnels administratifs de l’Education nationale
  • 1.633 postes dans l’enseignement privé sous contrat.
  • Possible augmentation de la taille des classes dans les écoles et les collèges "qui ne relèvent pas de l’éducation prioritaire".
  • Les enseignants actuel le ment affectés en dehors des classes vont être rame nés devant les élèves. Mais l’activité des "Rased", ces enseignants spécialisés dans la lutte contre l’échec scolaire qui suivent quelques élèves à la fois, "n’est pas remise en cause", assure le ministère.
  • Suppression à terme dans les écoles des intervenants extérieurs de langues étrangères, qui devront être enseignées "à 100%" par les professeurs eux-mêmes.
  • Regroupements possibles d’établissements scolaires.
  • Diminution des décharges des services d’enseignement.
  • Adaptation de l’offre de formation des lycées généraux et professionnels, par exemple un mutualisant certaines options rares entre différents lycées.
  • Poursuite de la diminution de la scolarisation en maternelle des enfants âgés de deux ans, sauf dans les établissements de l’éducation prioritaire "ambition réussite" et "réussite scolaire".
  • Adaptation des dispositifs de remplacement des enseignants absents, notamment en organisant la formation continue des professeurs en dehors de leur temps de service.
  • "Rationalisation" des moyens en personnels administratifs.


La ministre et l’ancien régime

27 Septembre 2010 Par Pierre Aucouturier

Au nom de Sauvons La Recherche, son président Emmanuel Saint-James réagit aux propos de Valérie Pécresse dans Les Echos ce matin, où elle déclare que d’ici 2012 elle aura "réparé les dégâts de Mai 1968".

Dans un entretien aux Echos daté du 27/9/2010, la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche affirme qu’elle « répare les dégâts de Mai 1968 ». Sauvons La Recherche remercie la ministre d’avouer ainsi que ses réformes ne sont pas tournées vers l’avenir mais vers le passé. Sa loi LRU a restauré de fait le pouvoir absolu des défunts doyens, en octroyant aux présidents d’université des privilèges exorbitants au détriment des instances collégiales moins sujettes à la courtisanerie. Son annonce que les fonds du Grand Emprunt seront accordés prioritairement aux universités se dotant « d’une gouvernance efficace [... où] les personnalités extérieures devront avoir une plus grande place » montre sa volonté d’inféoder l’université aux intérêts privés, seuls capables d’être « efficaces » selon ses dires. Son affirmation que « le CNRS et l’INSERM refusaient jusqu’à présent que les publications de leurs chercheurs des unités mixtes universités-organismes de recherche soient retenues [dans le classement de Shangaï] » est mensongère et témoigne de sa volonté de créer des tensions entre celles-ci et ceux-là au lieu d’améliorer leur synergie. Sauvons La Recherche réaffirme que la politique du gouvernement, fondée sur le mépris du service public et sur le refus de l’indépendance de ses agents, détruit inexorablement le potentiel scientifique de notre pays.

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L’OCDE appelle la France à augmenter ses frais d’inscription à l’université

Les pays d’Europe continentale risquent de perdre leur potentiel économique de long terme si leurs dépenses par étudiant - et donc les frais d’inscription - n’augmentent pas, avertit un rapport de l’OCDE.
L’OCDE tire la sonnette d’alarme : alors que les universités sont de plus en plus en concurrence internationale, la France et les pays d’Europe continentale risquent de réduire leur croissance économique de long terme s’ils n’augmentent pas leurs dépenses par étudiant.

Pour cela une seule solution, selon Andreas Schleicher, qui présente ce mardi le rapport annuel sur l’éducation de l’OCDE : "il faut augmenter les frais d’inscription, étant données les difficultés financières des gouvernements. Bien sûr, il faut que cette augmentation s’accompagne d’un système de bourses, ou de paiement des universités a posteriori, afin de ne pas mettre une barrière à l’éducation comme elle existe aux Etats-Unis."

Le rapport de l’OCDE reconnaît que les dépenses par étudiant en France ont progressé de 12% entre 2000 et 2007, mais c’est plutôt moins que dans le reste du monde. Le Canada, la Royaume-Uni, l’Espagne, mais aussi la Pologne ou la République tchèque ont progressé beaucoup plus vite. Si bien que la France dépense désormais juste la moyenne de l’OCDE par étudiant, à environ 12.700 dollars, contre 27.000 dollars aux Etats-Unis, 21.000 dollars en Suisse ou encore 20.000 dollars au Canada.

Andreas Schleicher souligne le cas du Royaume-Uni comme un modèle dans la façon dont il a augmenté ses frais d’inscription. Tony blair les a triplé en 2005, les montant à environ 3.000 livres par an (3.600 euros). Mais les étudiants ne payent ces sommes qu’après leurs études, une fois qu’ils ont un travail et sont en mesure de payer. C’est une façon d’augmenter le financement privé sans trop limiter l’accès des plus pauvres à l’université. "En comparaison, la France a un système régressif, où les foyers pauvres paient des impôts qui financent les études des riches", estime Andreas Schleicher.

Course mondiale à l’éducation

Le rapport de l’OCDE souligne que l’augmentation des dépenses dans l’éducation tertiaire est d’autant plus importante qu’une véritable course mondiale à l’éducation est en cours. En 1995, environ 20% des jeunes des pays de l’OCDE obtenaient un diplôme d’université ; aujourd’hui, le chiffre atteint 40%. "La croissance mondiale pour l’éducation tertiaire est très rapide", souligne Andreas Schleicher.

Et contrairement à l’idée reçue, cet afflux de diplômés ne dévalue pas les diplômes : le supplément de salaire qu’obtiennent ceux qui sont allés à l’université (par rapport à ceux qui n’ont pas de diplôme tertiaire) continue d’augmenter presque partout dans le monde, ou du moins de stagner (c’est le cas en France). Dans seulement trois pays - Suède, Norvège et Espagne - les diplômés d’aujourd’hui bénéficient d’un avantage salarial qui se réduit. Autant d’arguments, selon l’OCDE, pour augmenter rapidement les frais d’inscription dans les universités françaises.


Lire aussi Isabelle Bruno dans ses diverses interventions et son livre "à vos marques, prêts, cherchez !"


Informations issues d’une liste de diffusion sur l’enseignement supérieur. (AG LLPhi je crois) que je remercie.

Posté le 20 novembre 2010