L’Europe, finalement on y est !

Les élections européennes 2019 auront été celles du « revival » de l’Europe, du sursaut européen, un sursaut très majoritairement vert. Mais elles nous ont aussi laissé un goût amer. Sentiment d’être en train d’aller "dans le mur", d’être englués et immobilisés.

Les élections européennes 2019 auront été celles du « revival » de l’Europe, du sursaut européen, un sursaut très majoritairement vert. Les écolos doivent commencer à faire de la vraie politique. Les partis d’extrème-droite ont été moins magnfiquement gagnants mais gagnats tout de même. Les barrières idéologiques entre la droite conservatrice et la droite ultra-réactionnaire, nationaliste et autoritaire n’existent plus. D’ailleurs en France, le Bellamy, philosophe catho intronisé tête de liste, qui ne représente qu’une ridicule portion de la droite catho "pro-vie-manif pour tous", a raté totalement son entrée dans la grande politique. La droite LR va donc devoir choisir entre le parti de droite qui gouverne (celui de Macron !) et celle qui gueule soit aux côtés des "forever-protesting Yellow Vests" comme les appelle le New-York Times dans son édito (28/5) ou bien dans une droite de gouvernement. Cela va faire mal :-)

Mais plus important, c’est une sorte d’effritement des partis traditionnels, de la gauche et la recomposition rapide et violente de la droite dans le Parti de la République en Marche. Pour la gauche on est dans le super pathétique. Car, finalement, Jadot, tête de liste des écolos, est de gauche, et le clame haut et fort. Sera-t-il celui qui va réussir à coller les morceaux (en sachant que certains morceaux ne collent jamais...) ?

Ce qui est intéressant c’est la participation active de la jeunesse dans la campagne, dans des formes d’action autres que celles de la militance dans les partis, comme le signale cette politologue allemande, Ulrike Guérot :

...Jamais les électeurs ne s’étaient autant mobilisés que pour ces Européennes, et on dirait que ça marche : 59 % des citoyens polonais prévoient de se rendre aux urnes, ce qui doublerait le score de 2014. De la même manière, 69 % des Allemands disent qu’ils iront voter, ce qui ferait bondir la participation de quelque 20 %. Jamais la Commission européenne n’avait mis autant d’argent dans des débats ou des événements européens visant à échanger sur les avantages et les déboires de l’Union. Et pas seulement la Commission européenne : pas une fondation, pas un parti, pas une grande université, pas un syndicat, pas un institut qui n’ait organisé de débats citoyens sur l’Europe durant les trois mois qui ont précédé le scrutin de mai 2019. Et jamais on n’a aussi bien cerné ce que les citoyens souhaitaient vraiment.

Si tout cela est vrai, alors pour quelle raison avons-nous un goût amer qui reste ? La montée des périls, l’augmentation de la pollution, la menace de l’extrême droite, la chute de Tsipras, la perpétuation des calculs politiques à la Commission Européenne et puis Bolsonaro qui s’ajoute à Trump, Orban et Dutertre ... bref voir le monde aller dans le mur comme on dit simplement... Mais on y est déjà, dans le mur. On est encastré, englués, immobilisé par tout le plastique, les cancers, les médocs... On a donné nos vies au travail dans un rapport d’asservissement total aux entreprises qui , alors qu’elles commencent toujours sur une promesse d’espoir, aboutissent toujours sur un rêve de grandeur, de domination puis d’hégémonie. Bref, l’Europe pourrait-elle nous aider, comme le dit Bruno Latour (ici et dans le Monde récemment).

Posté le 1er juin 2019