La surprise fut immense,
La peur fut notre lot.
Les murs de notre ville
Retentissaient de cris.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Nous n’avions que nos mains
Ils étaient trop nombreux
Aucun de nos efforts
Ne ne nous protégeaient plus.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils firent de nos maisons
Des ruines oubliées
Ils firent de nos amis
Des cadavres calcinés.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Repus de tant de haine,
Nos ennemis se turent.
Ils formaient une horde,
Comme sauvages à l’affût.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils firent des tours de garde
Pour assurer nos biens
Ils écoutèrent nos plaintes
Pour comprendre nos vies.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Les premiers à parler
Nous citèrent nos mérites
Et nous complimentèrent
Et nous fûmes ravis.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils quémandèrent notre aide
Pour construire des palais
Ils instaurèrent la paix
Et se mirent à parler.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils s’érigèrent en chefs
Et parlèrent pour nous.
Ils voulaient notre bien
Et nous firent la leçon.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils confondaient nos noms,
Se trompaient dans nos fêtes.
Ils modifiaient nos lieux,
Dessinaient nos jardins.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils oublièrent leur armes
Pour prévenir l’effroi.
Ils chantèrent nos louanges
Et nous firent à manger.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Ils séduisirent nos femmes,
Fascinèrent nos parents,
Enchantèrent nos enfants,
Instruisirent nos maîtres.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Nous faisions nos devoirs
Nous écoutions nos vieux
Et sans peur, sans attente,
Nous apprenions leur Dieux.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Nos besognes finies
Dans la lueur du soir
Nous jouissions du frais,
En attendant le jour.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Mais chaque jour nouveau
Nous regardions nos pères
Disparaître un à un
Emportés de vieillesse.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Nous consolions nos mères
En soignant nos enfants
L’attente nous étouffait
Qu’apaisait la fatigue.
Nos ennemis, les barbares,
étaient là !
Nous faisions nos travaux
Sans plus attendre le jour.
Nos ventres bien repus
Nous chantions le passé.
Nos ennemis, les barbares,
c’était nous !
Rigas