Pauvre Vovousa : Les incendies, encore les incendies, en Grèce (2023)

La chaleur, le changement climatique, mais surtout l’immobilisme d’un gouvernement plus intéressé à se faire réélire et favoriser ses copains que d’investir dans les services forestiers et la prévention sont les causes des incendies. Le gouvernement, au pouvoir depuis 5 ans, raconte que se sont le plus souvent des incendies provoqués par des personnes malveillantes. Mais on en voit aucune arêtée. Et en tout cas, l’ampleur des dégâts ne devrait pas limiter cette recherche des causes à quelques individus. Les incendies comme en 2007, comme en 2009, comme en 2021 ravagent durablement les forêts mais aussi les maisons. Cette fois les vents violents et la chaleur ont été le carburant d’incendies qui se sont propagés aussi dans les villages.

Le texte ci-dessous été écrit par un ethnologue de l’université de Ioannina - ville proche de cette montagne très prisée des marcheurs où se trouve le village de Vovousa. Le village a pris feu et il est probablement abandonné. Un ethnologue de l’Université de Ioannina a rédigé cet épitaphe magnifique.

Pauvre Vovousa
Vassilis Nitsiakos
**Professeur d’ethnologie, Université de Ioannina.
21-07-2023 Η εφημερίδα των συντακτών

On raconte qu’une scierie a pris feu et qu’à partir de là, le feu s’est propagé et a brûlé trois maisons. Quelques habitants ont essayé de l’éteindre, dit-on, avec des tuyaux d’arrosage et des seaux d’eau provenant de la rivière Aoos qui traverse le village... Quand est-ce que les pompiers arriveront-ils de Ioannina ?

Pauvre Vovousa. Combien de fois dois-tu brûler ? Tu as été incendiée une première fois lors de notre première division nationale [1915-1922], mais aussi une deuxième fois lors de la deuxième grande scission nationale [la guerre civile de 1945-1949], puis une troisième fois incendiée par les nazis et maintenant par cet incendie. Les fois précédentes, c’était des périodes de crise et de déshonneur. Tu étais florissante la première fois, rabougrie mais vivante la deuxième et la troisième fois. Cette fois, le destin t’a frappé, désolée et sans protection. Le métier qui te maintenait à moitié en vie, l’art de travailler le bois, en devenu la cause. Tes pins sacrés, tes pins inflammables comme ton âme, sont en feu. Ni Sainte Paraskevi ni St. George n’ont pu intervenir. Et comment pourraient-ils le faire alors qu’ici, c’est devenu un désert, une terre abandonnée. Qui allumera les candélabres, ou un cierge pour les Saints ? Maintenant que la plupart des habitants, surtout les jeunes, ont tourné le dos et sont partis définitivement.

Pauvre Vovousa. On t’a désigné comme destination. Touristique. Mais quel touriste pourrait te sauver ? On t’a renommée Zagori de l’Est, mais quelle municipalité de Zagori serait assez grande pour t’inclure ? Te protéger ? Là où il n’y a plus un seul jeune, en dehors des congés de fin de semaine ou des vacances ?

On t’a désigné Parc National. Mais quel ours pourrait venir pleurer ? Où se trouve l’ours à cette époque de l’année ? Et l‘hiver ? C’est l’hibernation. Léthargie hivernale que je ressens dans mes tripes. Léthargie de résine. Goudron noir. Plus noir que la mort. Vive est la séparation. Tu es inconsolable.

Ma chère Vovousa. Puisque tu n’es pas vierge, je sais que tu sauras le surmonter. Tu ne te plaindras pas. Où est l’État et ses belles promesses ? Les montagnes connaissent la neige. Tu marcheras seule. Seule, tu guériras de tes blessures. Entre nous. Tous ensemble. Tu connais ça. C’est ton histoire, tes coutumes. L’histoire est ta résine, ton ciment. Même si tu brûles, tu ne disparaitras pas. Les bûcherons réservistes, les femmes tisseuses répareront le présent. Avec les pleurs, mais aussi le courage, l’entraide, la tête haute...

Désolée, mais belle Vovousa. Comme la rivière qui te traverse. Ne cesse pas de chanter le passé. Ne pas s’ oublier. Il y a un avenir pour toi et tu dois le trouver toi-même. N’attends aucune aide de l’État. L’État est en toi. C’est le peuple de Vovousa. Au bout du monde, il ne faut pas l’oublier. Appele-le...

Ερμη, Βωβούσα
Βασίλης Νιτσιάκος*

Πήρε λέει φωτιά βιοτεχνία ξύλου κι από κει προχώρησε κι έκαψε τρία σπίτια. Προσπάθησαν, λέει, οι λιγοστοί κάτοικοι με λάστιχα και με κουβάδες νερό από τον Αώο που διασχίζει τον οικισμό... Η πυροσβεστική πότε να φτάσει από τα Γιάννενα ;

Ερμη, Βωβούσα. Πόσες φορές θα καείς ; Κάηκες μια στον πρώτο σου διχασμό, άλλη στον δεύτερο, τρίτη από τους ναζί και τώρα από πυρκαγιά ; Τις προηγούμενες φορές σε δίσεχτους και άτιμους καιρούς. Ησουνα ανθηρή την πρώτη, κουτσουρεμένη μα ζωντανή τη δεύτερη και την τρίτη. Τούτη τη φορά σε βρήκε η μοίρα σχεδόν έρημη κι απροστάτευτη. Το ζανάτι το ίδιο που σε κρατούσε μισοζωντανή, η τέχνη του ξύλου, ήταν να γίνει η αιτία. Τα πεύκα σου τα ιερά, τα πεύκα σου τα εύφλεκτα ωσάν και την ψυχή σου έγιναν φωτιά. Ούτε η Αγία Παρασκευή, ούτε ο Αϊ-Γιώργης πρόλαβαν. Και πώς να προλάβουν στην ερημιά και στην εγκατάλειψη. Ποιος να ανάψει τα καντήλια, ένα κερί στους Αγίους ; Που πήραν των ομματιών τους, ρίξανε μαύρη πέτρα οι πιο πολλοί, ιδίως οι νέοι ;

Ερμη, Βωβούσα. Σε είπανε προορισμό. Τουριστικό. Μα ποιος τουρίστας να σε σώσει ; Σε είπαν Ανατολικό Ζαγόρι, μα ποιος Δήμος Ζαγορίου να σε φτάσει ; Να σε προστατεύσει ; Που δεν απόμεινε νέος για νέος, παρά μόνον τριήμερα και διακοπές ;

Σε είπαν Εθνικό Πάρκο. Μα ποια αρκούδα να σε λυπηθεί ; Πού να σε εύρει ο Αρκτούρος τέτοια εποχή ; Χειμώνας. Χειμερία νάρκη. Νάρκη και νάρκα μες στα σπλάχνα σου. Νάρκα από ρετσίνι. Κατράμι μαύρο. Πιο μαύρο κι απ’ τον θάνατο. Τον ζωντανό τον χωρισμό. Παρηγοριά δεν έχεις.

Καλή μου, Βωβούσα. Μια και δεν είσαι άμαθη, το ξέρω πως θ’ αντέξεις. Δεν θα παραπονεθείς. Πού είν’ το κράτος και τέτοια παραμύθια. Μαθημένα τα βουνά απ’ τα χιόνια. Μόνη σου θα πορεύεσαι. Μόνη θα κλείσεις τις πληγές. Ο ένας με τον άλλον. Ολοι μαζί. Ξέρεις εσύ. Η ιστορία σου. Τ’ αντέτια σου. Ρητίνη η ιστορία σου. Τι κι αν καείς, δεν καίγεσαι. Ξυλοκόποι απόμαχοι, υφάντρες γυναίκες θα μερεμετίσουν το παρόν. Με μοιρολόγια, μα και με κουράγιο, με αλληλοβοήθεια, με το κεφάλι ψηλά...

Ερημη, μα έμορφη, Βωβούσα. Σαν το ποτάμι μέσα σου. Μην πάψεις να κελαρίζεις παρελθόν. Μην ξεχαστείς. Υπάρχει για σένα μέλλον. Και πρέπει μόνη να το βρεις. Μην περιμένεις από κανένα κράτος. Το κράτος είναι μέσα σου. Είναι οι Βωβουσιώτες. Στα πέρατα της Γης. Μην ξεχαστείς. Να τους καλέσεις...

*Καθηγητής Κοινωνικής Λαογραφίας, Πανεπιστήμιο Ιωαννίνων

Source : Efimerida ton syntakton (Journal des rédacteurs)
https://www.efsyn.gr/stiles/apopseis/379426_ermi-boboysa

Posté le 23 juillet 2023