Liban année zéro

« Ce que se passe au Liban est régional. » ( L’Orient-Le Jour). Sentence permettant de faire l’économie de la situation politique !

Je me promène dans Beyrouth. Vide. L’effet premier de la mobilisation de l’opposition aouno-hezbolliste est de vider la ville de sa vie nocturne. Ce que des talibs eurent rêvé de faire très certainement a lieu, là sous nos yeux. Gemayzé est encore en vie, mais sous perfusion, les bars sont très peu peuplés, on ne se bouscule tout de même pas comme à l’accoutumée (enfin je ne suis passé que trois fois en deux ans sur la grande rue et vu ses bars et restos). Le gigantseque resto chicos Abdal Wahad sur la rue Abdelwahed El Inglizi est pratiquement vide un mardi après midi tardif. La tension de la ville est tangible. Que va-t-il se passer ?

La situation paraît absurde. Le Hezbollah a fait le plein de ses sympathies et de ses compagnons de route grâce à la guerre de cet été (2006). Les Aounistes et le Hezbollah tentent d’un commun accord à mettre à bas le gouvernement élu et remettre en cause la légitimité des élections. Pour eux c’est la rue qui doit décider des ministres et des députés, pas le système électoral.

De nombreux commentaristes ont pensé que l’après-guerre serait douloureux pour le Hezbollah et cela semble se confirmer par cette manifestation sans raison qui ne fait qu’agiter des symboles. Le plus fort de ces symboles à été d’assimiler la premier ministre Siniora à un traître pour avoir "embrassé" la Condy Rice en affichant une gigantesque photo sur une façade d’immeuble au milieu de la manifestation, face au Saray.

Mais peut-être qu’effectivement la situation est régionale : alors, cela veut dire que l’absurdité de cette situation reflète bien l’absurdité du perpétuel conflit entre Israël et ses voisins.

Posté le 14 décembre 2006