Incendies et réchauffement climatique

Sur le même sujet ici :

Sur rue89.com (27 août) La Grèce sous le chox d’incendies inédits :

Un aimable intervenant me signale en réponse à mon coup d’humeur sur rue89.com :

Réchauffement de la planète ? Faut-il tout mettre sur le dos de ce réchauffement qui se mesure sur plusieurs dizaines d’années ? Je ne sais pas.

Ce qui est sûr c’est que chaque année en août, la végétation en Grèce est totalement desséchée et que le meltem souffle. On sait aussi que dès que des incendies se produisent (dans tous les pays concernés), l’affolement (légitime)et la médiatisation (légitime aussi), réveillent les malades...Les pompiers connaissent bien ce problème.

Les véhicules auto (camions, 4X4, travaux sur les routes, etc.) peuvent être à l’origine de départ de feux le longs des routes et chemins)

Beaucoup de facteurs criminels ou par imprudence sont certainement prédominants sur le réchauffement de la planète.

A quoi j’ai répondu :

Jamais des incendies n’ont été si forts car jamais il n’y a eu aussi peu d’eau en hiver. Nous vivons une époque où les causes humaines deviennent naturelles et les causes naturelles sont humaines. Notre impact sur la nature est tellement fort que nous sommes responsables de typhons et d’incendies. Seuls nos systèmes politiques et décisionnels sont aveugles à cette réalité.

La Nouvelle Orléans a très chèrement payé cet aveuglement. La Grèce arisque de devenir comme elle, un pays sous perfusion.

Beaucoup d’encre déversée pour accuser les incendiaires, les mangeurs de terrain, les irresponsables. Il y a même des gens pour trouver normal que l’armée patrouille dans les forêts. L’incendie de Zacharo (voir ici les dégâts) a été provoqué par une vieille dame qui faisait son charbon. L’info a été vite dite puis vite oubliée. On préfère parler de complot contre la Grèce, de se ridiculiser en parlant de « menaces asymétriques ». On préfère trouver quelqu’un à accuser. Un ou une personne, quelqu’un de présentable dans un tribunal. Le gouvernement promet un million d’euros pour le dénonciateur heureux. Mais il n’y a que nous, nous tous à accuser. C’est insupportable, évidemment. Car il n’y a personne à accuser.

Il n’y a personne à accuser et donc on fait comme si de rien n’était. Ce qui devrait être insupportable c’est cette petite gué-guerre au sein de l’ONU au sujet d’un paragraphe du protocole de Kyoto. Les nations industrialisées -nommément cette fois le Japon, la Russie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et la Suisse- ne veulent pas avoir de normes trop strictes en matière de gaz à effet de serre. L’humanité n’est pas sortie de l’auberge.

Restons en Grèce un instant, où pour l’instant on débourse jusqu’à 70 millions d’euros à droite et à gauche pour pseudo-indemniser les victimes.

En Avril 2007, le ISTAME (centre d’études stratégiques et du développement) a publié une étude : L’état de l’environnement en Grèce Evaluation annuelle globale (2007). Après avoir passé en revue la situation thème par thème, notamment celle dramatique du milieu naturel, des parcs nationaux et des forêts, le rapport termine en signalant : « l’image qui ressort cette année encore sur la question de la politique nationale en matière d’environnement annule toute tentative de construire un profil de développement moderne et de qualité. L’absence répétée de la Grèce des conseils de l’environnement de l’UE et de toute instance internationale sur l’environnement en est la preuve. Toute politique préventive de l’environnement en Grèce est absente » (p.12).

Une autre étude sur les forêts en Grèce signale qu’un vol de Canadair coûte environ 3500 euros. Un hélicoptère peut coûter jusqu’à 20 millions d’euros (p.9), une somme suffisante pour assurer des formations et des sensibilisations pour plus de 10 millions de personnes (bref, une somme suffisante pour une campagne d’information au niveau national).

Et les problèmes se comptent par légion, mais il n’y a personne à accuser.

Les décharges de poubelles à l’air libre (source majeure d’incendies) qui se trouvent à moins de 100 mètres des forêts, cela concerne 638 sites en Grèce sur 2626 décharges sauvages.
Il n’y a toujours pas de relevé des zones forestières. En dix ans, pourtant, entre 1990 et 2000 l’urbanisation s’est faite au détriment de la forêt. 11,5% de terres forestières ont ainsi été perdue sur la seule banlieue d’Athènes et sa région (l’Attique). Cette urbanisation sauvage sans pan d’expansion concerté est criminelle.

Il n’y a personne à accuser mais les grecs dans un récent sondage affirment que la perte des forêts est le problème d’environnement le plus grave. En 2000, 100.000 hectares de forêts ont été perdus. A la suite de cela les campagnes intenses d’information ont été entreprises puis interrompues. Non, i n’y a personne à accuser.

La Grèce jouit (pardon jouissait) d’une biodiversité exceptionnelle dans ses forêts. Elle est en train de perdre à grande vitesse cette richesse irremplaçable.

Il n’y a personne à accuser. Juste dire et répéter que l’équilibre est rompu. Et travailler dans ce sens. Que la Grèce aille à l’ONU dire à la Chine et l’Inde que polluer n’est pas un droit et qu’ils ne peuvent pas faire semblant de rien sous prétexte que l’industrialisation s’est ainsi faite. L’équilibre de la planète n’est plus le même et nous ne pouvons que répéter ce que signale Greenpeace « Japan is willing to let the typhoons roll in and the water flow onto its coastal land. Switzerland is committed to melt all its remaining glaciers ».

Il n’y a personne à accuser. Amen.

Posté le 31 août 2007