Ecrivains voyageurs

Au sujet d’une mode (parfois intéressante)

Le voyage a toujours été un propice terreau pour faire pousser les récits de voyage. Evidemment, je pense à Bruce Chatwin et Nicolas Bouvier. Les chroniques que fait Chatwin sont toujours intéressantes. Les Chroniques japonaises de Bouvier sont une source d’enchantement. Les récits de Ella Maillart sûrement passionnants mais moins agréables à lire. Un auteur très chouette : Bernard Ollivier qui a parcouru la route de la soie à pied. [1]

Un tour dans les librairies en France nous convaincra rapidement que le plaisir de lire des récits de voyage est très populaire. Nous voici en présence d’une mode, fort lucrative pour certains [2] , qui produit parfois le meilleur et parfois des "carnets de voyage" d’un ennui mortel. Mais bref, ça marche !

Pourtant, cette rêverie de l’ailleurs érigée en religion est sûrement le symptôme d’un malaise. Certainement pas de la sédentarité puisque nous n’avons jamais été aussi mobile. Peut-être de l’occidentalisation. Ou encore, autre hypothèse, de la tristesse sans pareille de nos banlieues. Autrefois, il été non pas légal mais accepté que les drogues faisaient voyager. Aujourd’hui comme cette issue -la plus courante qu’ai utilisé l’homme comme en témoignent nombre de civilisations- est frappée d’opprobre, nous voyageons. Je sifflote car je vais prendre l’avion : excitation que les douaniers et l’attente dans l’aéroport me feront vite oublier.

Il existe aussi des formes "modernes" du voyage : travailler à l’étranger ailleurs que chez soi, encore faut-il être certain du "chez soi"— et aussi l’exil, forcé ou volontaire. Je dis modernes non pas qu’autrefois elles n’existaient pas mais parce que notre époque semble être une sorte d’apothéose. Jamais on n’a autant parlé des travailleurs à l’étranger et jamais autant de l’exil.

La Grèce, comme tous les petits pays, a été un gros fournisseur d’exilés semi-volontaires, volontaires et forcés. Toute une culture de la « xenitia » avec ses chansons, surtout les chansons, et ses habitudes.

Quelques sites :

[2Bernard Ollivier, avec cet argent, a créé "SEUIL", une association de résinsertion des délinquants par la marche.

Posté le 24 février 2004