Onde de choc pour un rétablissement de l’Amérique aux commandes

Un scénario probable pour l’affaire DSK

Attention, article conspirationniste !

MAJ le 20/05/2011

DSK nous fait tous plonger dans l’horreur ! L’affaire est probablement le début d’un re-virement de l’histoire mondiale du capitalisme. Car DSK est avant tout le patron du FMI.

Un scénario de plus dans la catégorie "stratégie du choc"

Un des aspects importants de cette histoire, pour moi l’aspect essentiel, est le rejet des Européens libéraux (voir socio-démocrates) par les Américains (néo-libéraux voir néo-conservateurs) qui s’appuie sur l’alliance des droitiers (Sarko, Merkell, Barroso, Berlu...) aux commandes de l’UE. C’est aussi l’alliance « objective » des pays émergents dans les cercles du pouvoir économique mondial et des Etats-Unis qui ne veulent pas lâcher le morceau au profit des Européens et de l’UE en particulier. Nous assistons à la mise en place facile et annoncée d’une stratégie du choc. [1]

Facile, car elle repose sur un seul homme. Annoncée : aujourd’hui, après l’éclatement de l’affaire on en parle de ces faiblesses « sexuelles ». On se souvient de l’opprobre contre un journaliste de Libé qui avait osé signaler ce point comme la faiblesse essentielle de DSK lorsqu’il va prendre le poste de Directeur du FMI. C’est finalement lui qui avait raison : le talon d’Achille du bonhomme DSK s’avère un point essentiel quand on est dans une situation de crise au FMI, dans le monde.

Il est aussi tombé parce qu’il a voulu être un homme providentiel, pour le système financier, pour la France aussi, face à notre version européenne des « néo-con » menés par Barroso, Sarkozy et Merkell. Et comme tout homme providentiel, il est un objet magique ! On en attend donc des miracles ou des catastrophes d’ampleur biblique. En termes plus rationnels, il comporte cette part noire et maudite de notre propre être qui nous rend non seulement indulgents mais dociles face à ces hommes « anormaux » [2]

Heureusement que nous ne sommes plus au temps des « néo-con » américains (les David Perle, Newt Gingrish, Dick Cheney, ou Donald Rumsfeld), des « bushistes » acharnés. Mais, depuis, les extrêmistes se sont organisé en "parti" (le Tea Party) et le fond anti-français est très fort — et aussi très étonnant. La horde des journaux qui font leurs choux gras (leurs profits) des nouvelles sensationnalistes ont été les premiers à lancer le hallali (cf. Le New York Post, beurk !). Et elle a obtenu ce qu’elle voulait : que le châtiment soit spectaculaire, que le spectacle puisse continuer. The show must go on ! D’où l’acharnement vraiment incroyable de la justice new yorkaise qui libère sous caution n’importe quel chef de la mafia et autre criminel et inflige l’indignité absolue au Français, socialiste de surcroît —quelle horreur— Dominique Strauss-Kahn.

Un scénario probable

N’ayant aucune sympathie pour le bonhomme, j’aurais du m’accorder de la thèse évidente : DSK a violé la femme de chambre. Mais, pour toutes les raisons énoncées ci-dessus, je ne peux m’empêcher d’adhérer à la thèse du piège, du traquenard. Et cette horde de journaux et d’opinions de journalistes américains criant au pervers, accusant les journaux et les journalistes français, partant en croisade dès que le moindre bout de cuisse devient un peu visible, ne supportant pas une tâche de sperme sur une robe bleue, me débecquette. Car ce sont ces mêmes journaux américains qui s’accommodent fort bien de l’immense population carcérale, si débordante qu’elle explique les bons chiffres du chômage outre-atlantique, qui ne trouvent rien à redire à ce qu’un procès soit un marchandage permanent mais se permettent de nous donner des leçons sur notre propre institution judiciaire, qui s’offusquent de notre aveuglement (avoué) aux frasques des hommes politiques mais eux-mêmes sont totalement aveugles à la perfection commerciale qu’est devenu le big business du porno sur le net. Ce sont ces mêmes journaux qui soutenaient la guerre en Iraq –protégés moralement par la « guerre contre le terrorisme » pendant laquelle les se sont forgés un crédo interventionniste, en parfait accord avec l’imaginaire de la conquête de l’Ouest.

Du coup je fais comme tout le monde : j’invente le polar de l’affaire et je cherche un auteur "moral". Le meilleur scénario m’a été soufflé par email. Il est totalement inventé, c’est une fiction, pas la réalité. Toute ressemblance avec la réalité est fortuite.

L’homme est connu pour son penchant sexuel, il s’en est même ouvert à des collègues et des journalistes. Ses amis politiques le savent aussi. Mais ses ennemis politiques le savent aussi et le monde entier le sait. Et ses ennemis n’ont pas les scrupules de ses adversaires politiques français. De plus, la location d’une chambre dans un grand hôtel new yorkais est un arrangement : de temps à autre on ferme les yeux, le grand homme occupe cette chambre où il s’offre une gâterie, peut-être même arrangée par l’hôtel et cela sera indémontrable, avec une femme de chambre occasionnelle dont le vrai métier n’a rien à voir avec le nettoyage des chambres mais consiste à mettre en scène des phantasmes dont celui du viol de la femme de chambre est un des plus courant. L’homme est un habitué de ce jeu et comme tous les habitués il s’attend au déroulement de ce scénario habituel avant de s’envoler trois heures plus tard pour une grande réunion au sommet de ministres des finances. L’ennemi, au courant de cette circonstance sinon habituelle du moins déjà bien repérée (curieuse idée, en effet, de séjourner dans un hôtel à quelques mètres du domicile conjugal, laissé vacant à cette époque) n’a plus qu’à substituer la call girl, fausse femme de chambre, par une vraie femme de chambre dont on est absolument sûr qu’elle résistera et ne comprendra absolument pas ce que lui veut cet homme. Elle entre donc pour faire effectivement le ménage ou autre tâche alors qu’il l’attend dans la chambre, à pied d’œuvre : nu, et faisant semblant de s’étonner de ce que la femme de chambre s’étonne de le voir nu, selon les termes du petit scénario habituel. Il pense que tout va bien mais rien ne va, et c’est là que le talon d’Achille agit seul : une fois chaud, il ne peut pas s’arrêter, ce que l’ennemi sait parfaitement. L’ennemi sait qu’il voudra aller jusqu’au bout malgré l’affolement de la femme de chambre et qu’il pètera les plombs. Et que la femme devient ainsi la victime idéale d’un viol.

Evidemment rien de tout cela n’est avouable par notre grand homme et ce scénario a le mérite de tout rendre plausible. Il éclaire à la fois le comportement d’un homme qui a ce type de rapports aux femmes, l’ennemi l’a jaugé, il sait jusqu’où cela peut le conduire. Et tous les détails collent.

DSK était certainement sous stress, il vivait un moment particulier de sa vie où il devait changer son rôle de patron du FMI à candidat socialiste. Il y avait aussi un stress immédiat : Merkell, Bruxelles, la re-négociation de la dette grecque qui est précédent politique pour toute l’Europe et tout le système financier, car la crise grecqueest une crise de l’Europe et de sa gouvernance pas de une crise de la Grèce... Une excitation extrême aussi devant les promesses de ce petit scénario qui s’annonce. C’est justement pour ça qu’il a besoin de sa séance un peu particulière et qu’il l’a probablement commandée de longue date en même temps que son billet pour Paris. L’ennemi a choisi ce moment en connaissance de cause.

Et de ses conséquences

Au fond je préfère encore le simple scenario du viol mais il est totalement improbable : rien ne colle. DSK n’est pas réputé violent mais entreprenant. Il est chaud bouillant avec une femme, seul avec elle, pas en public. Ce n’est pas de la violence. Il n’est certainement pas du genre à violer dans un coin de chambre vite fait. Il n’est pas non plus le prédateur que se gargarisent à répéter certaines féministes mais il a certainement les ardeurs puissantes comme tous les hommes qui réussissent en politique (on se souviendra de l’épisode de l’impuissance de Bayrou lorsque Ségolène Royale était venu lui proposer un accord avant le deuxième tour de la présidentielle en France). Il est intelligent et retord et cela est une qualité en politique. Il est conscient de ses (de sa) faiblesses ce qui est la marque aussi de l’intelligence. Il ne plaît pas à ceux qui ne croient pas à la Providence pourtant c’est bien un homme providentiel que les français ont mis au pouvoir en la personne de Sarkozy. Enfin, ça ne colle pas car les avantages pour les américains et les « émergents » sont trop bien servis par cette élimination. Incertaine et improbable pour un français, car rien ne garanti la victoire de Sarkozy. Par contre, en se débarrassant du patron du FMI de cette façon, on discrédite toute sa gestion de la crise —plutôt moins sanglant dans la Troïka que la commission ou même la BCE. Les financiers « pur jus » ont gagné pour longtemps ! Et plus aucun procès [3] ne pourra les disqualifier.

Sur la théorie du complot

Le Monde (19.05.11) part en guerre contre les conspirationnistes (comme moi, donc) : Théorie du complot et régression démocratique - LeMonde.fr. Je remarque que cet édito s’attarde sur les possibles comploteurs (CIA, cabinet noir de Sakozy, etc...) mais pas sur les faits ! Notamment, sur les plus étranges : les déclarations gênées et tardives des avocats de DSK, la bizarrerie de la location de la chambre au Sofitel alors que son appart est à quelques encablures, les déclarations contradictoires sur a-t-il été pressé de partir de l’hôtel ou pas, son appel plus que curieux (de la part d’un gars qui se croit pris dans un traquenard) depuis JFK pour s’enquérir de son téléphone oublié... Bref, beaucoup de choses concordent pour indiquer un DSK plutôt emmerdé après coup mais sur le moment ne semblant pas saisir les possibles conséquences énormes de son acte. Comme si tout cela était dans l’ordre du normal. On rêve pas ? Peut-être faudrait-il essayer d’apporter une opinion convaincante à ces sujets avant d’accuser la conspirationnite qui se se répand comme une trainée de poudre...

Variantes non conspirationnistes du scénario :

  • La femme de chambre passait vraiment là par hasard ! La porte semi-ouverte l’intrigue, elle rentre.... Il s’attend à son RV et la confond. Les dénégations de la jeune femme ne rendent la chose que plus incroyablement agréables (pou lui). Pas de conspiration mais juste un erreur d’aiguillage.
  • La personne qui a monté le coup ne le fait pas pour faire du tort à l’UE, au FMI, ni même au directeur du FMI mais pour signifier son mécontentement à un gros ..&@#. (ce n’est pas moi qui le dit, mais ce personnage fictif). Las de ne pas avoir de pourboires suffisants, de reconnaissance minimale, et connaissant les habitudes du bonhomme, il appelle la femme de chambre au couloir et la suite de l’histoire se fait toute seule.... « Na ! C’est bien fait », pense alors le mec (ou la nana). Je vous laisse imaginer les caractéristiques socio-culturelles et l’emploi de cette dite personne.

[1Comme l’a qualifié Naomi Klein, stratégie de choc d’autant plus nécessaire que les partisans du non-paiement de la dette commencent à se recruter non plus dans les rangs des populations opprimées, écrasées et bafouées, mais parmi les élites en Grèce, au Portugal, mais aussi en France et ailleurs.

Klein, Naomi (2008) La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre (Paris : Actes Sud, Babel).

[2Comme le signale Alex Capriles dans un magnifique article "Pouvoir et infériorité psychopathique" publié dans la revue permanente du MAUSS qui comporte une des clés d’explication universelle du rapport au pouvoir, la soumission aux hommes providentiels et détraqués.

[3je fais allusion qu procès qui se prépare de Goldman-Sachs évidemment, mais pas uniquement. On aura beau jeu de les accuser, il se trouvera toujours qqun pour dire que au vu de la monstruosité de l’acte de DSK ce que fait Goldman Sachs ou les patrons des grandes banques, qui sont eux des vrais prédateurs, n’est que broutille.

Posté le 19 mai 2011