2013 En Syrie ce sera encore sanglant

Si j’en juge au ton quelque peu morose des commentaires politiques, la crise syrienne va durer encore longtemps, très longtemps. Entre-temps la Syrie va être déchiquettée. A commencer par les femmes syriennes et les enfants. Le viol est devenu une arme significative d’après un récent rapport ( voir communiqué de presse et rapport complet. pdf, en). De nombreuses femmes rapportent des viols par des hommes armés. Sans parler des conditions pénibles dans les camps de réfugiés. Les enfants sont canardés comme des lapins pendant qu’ils font la queue pour acheter du pain. A vous donner froid dans le dos. Tout cela, c’est des signes de guerre civile, pas des signes d’une lutte entre le régime et ses opposants.

Le ministre des affaires étrangères libanais a proposé de ne pas appeler les syriens au Liban des réfugiés (suivez mon regard) mais des "déplacés". On en peut pas dire que les politiciens libanais ne soient pas inventifs. 600.000 syriens sont donc déplacés dans les pays avoisinants et plus de 2 millions au sein du pays. Le froid est terrible cet hiver : le peuple syrien, ce peuple aux yeux si clairs, au regards si doux, est en train de sombrer inexorablement dans la violence de la guerre civile, aussi dure que celle qu’a connu le Liban. [1]

Charles Gloss a écrit dans le New York Review of Books un article très pessimiste sur Aleph que je recommande fortement même s’il ne fera pas plaisir aux partisans de l’ASL. Malheureusement pour le Jais al Hur (armée libre de Syrie), le soutien n’est pas franc et massif partout. En tout cas, pas à Aleph où de nombreuses personnes ont peur des divisions internes de l’ASL, et la rende responsable de la destruction du souk de Aleph, des destructions des usines de la région (le moteur économique du pays), et de viols et de tortures. Tout cela est loin de montrer une grande unanimité et c’est peut-être cette division au sein même de l’armée libre qui explique que la capitale économique du pays soit encore dans les mains de l’Armée régulière. Ce qui est en train d’être détruit est un profond tissu social, déjà fortement mis à mal par la bande de pillards qu’ont été les familles autour des Assad. Et qui se cherchent des justifications communautaires dans un pays qui avait su échapper au communautarisme.

Alors en 2013... On peut aussi faire l’autruche et lire le très bon et amusant roman de Charif Majdalani, Nos si brèves années de gloire. J’y pense parce que le héro s’enrichit en rapatriant au Liban des machines à tisser d’Aleph à Beyrouth. Ou encore le très bon livre de Hoda Barakat, Le royaume de cette terre sur ce Liban maronite qui a grandement disparu (elle est de Becharra juste au dessus de la vallée de la Qadisha). Il faut de souvenir que Hoda Barakat a écrit un des chefs d’oeuvre de la littérature libanaise (Le Laboureur des eaux).

Bonne année

Liens :

[1Lire le très bon livre de Samir Frangié, Voyage au bout de la violence, Beyrouth/Arles, L’Orient des livres/Actes Sud, 2012, 176 p.

Posté le 14 janvier 2013