Etranges bases de texte

Les hypertextes sont des outils étranges (comme la Chine est étrange). C'est en effet un outil étrange, qui n'est ni texte, ni base de données, mais les deux choses à la fois. Une base de donnée qui n'en a pas l'air. Une véritable infrastructure de l'écrit.

L'hypertexte induit une ergonomie particulière et différente de celle de la lecture, personnelle, silencieuse et continue que les moines copieurs avaient inauguré au Moyen Age.

Mon cheminenement vers les hypertextes d'ailleurs reflète cette étrangeté. J'ai par hasard lu un texte d'un sociologue, brillant et admirable, peut-être l'un des plus grands, un texte de Howard Becker : "A New Art Form: Hypertext Fiction". Cet article qui date un peu est une des meilleures introductions que je connaisse sur l'hypertexte et son usage non pas scientifique mais bien plus littéraire et artistique. Becker donne quelques clés, très sommairement décrites sur comment se lit un hypertexte et sur comment en écrire un. J'ai voulu donc pratiquer moi-même cette "nouvelle forme d'art" qui consiste à écrire un hypertexte.

Après avoir acheté Storyspace, je me suis introduit dans l'hypertexte par certains textes de théoriciens: ceux de Landow, de Moulthorp, de Miall, de Nancy Kaplan, de Marc Lévy, de Mark Bernstein. Textes ou hypertextes, comme ceux de Kolb ou de Diane Greco (un échantillon intéressant de textes se trouvent dans le "salon de lecture" de Eastgate). Nombre de ces reflexions semblent des débats un peu alambiqués sur le statut du texte, le sens des controverses littéraires, la nature de la critique textuelle, le poids de la technologie dans la création artistique.

Ces débats sur l'hypertexte vont bon train. Il s'agit d'un domaine foisonnant, riche et particulièrement grouillant. C'est peut-être cette abondance de reflexion, assez peu respectueuse des formes académiques -tout en en respectant les valeurs- qui m'a aussi attiré, tout autant que le jeu intellectuel qui consiste à s'introduire à une nouvelle technique. Mais toute cette reflexion est tout à fait marginale par rapport à ce qu'est le principal promoteur de l'hypertextualité, à savoir le World wide web. Elle est du domaine de spécialistes, peu nombreux, très inégalement distribués par le monde, férus de littérature, plut™t anglaise ou américaine.

Certains participants à ces débats soulèvent des questions qui ont du sens bien au-delà de l'hypertexte. Ce sont des questions sur le rapport entre le sens des mots et leur usage, la théorie littéraire et la réalité, l'usage des technologies et la création.

Création artistique mais aussi création technologique, d'outils utilisables par le commun des mortels. Mon intérêt professionnel est lié à l'usage des technologies (on appelle cela l'apprentissage technologique, mais en réalité il s'agit de cerner la manière dont les technologies sont acquises et utilisées dans les entreprises). J'ai longtemps évacué la question du sens. J'ai accepté avec peu de sens critique que si on utilise une technologie c'est finalement parce que c'est celle-là même qui permet de remplir une fonctionnalité donnée. Mais en fait, les études de cas sur l'usage des techniques a permis de montrer que les usages de la technologie ne sont pas établis par avance. L'exemple des hypertextes m'a alors semblé interessant.

Ici, parenthèse:

Cliquez ici pour suivre la piste Chine....

Si vous ne l'avez pas fait cela n'est pas grave. Avec un hypertexte on peut toujours revenir sur ses pas. On a même tendance à le faire trop souvent. Fin de la parenthèse.

Je viens de parler de jeu intellectuel. Le mot jeu est important. Je n'ai pas la prétention d'exercer une nouvelle forme d'art, car cela exige de remplir des contraintes que je ne suis pas en mesure de respecter. Ce texte n'est donc pas de l'hyper-art. Il est simplement un ensemble de réflexions.

     
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